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La question qui cause des insomnies.

Marc arrive en séance avec une décision qui lui pose un cas de conscience. Pas de crise. Pas d’urgence. Son entreprise est florissante. Aucune activité déficitaire. Pas de pression concurrentielle qui obligerait à restructurer. Mais une question le réveille la nuit :

Si je fais ça, est-ce que je vais pouvoir me regarder dans le miroir ?

Marc est dirigeant depuis quinze ans. Il a déjà fermé des usines. Affronté des syndicats. Été séquestré pendant une grève violente. Il connaît le prix de ses décisions. Il n’est pas naïf et ne manque pas non plus de lucidité sur lui-même. Mais cette fois, c’est différent.

Cette fois, il me dit : « Je peux licencier. D’un point de vue opérations, je sais que je pourrais assurer la même qualité de production en réduisant les effectifs. Ça optimiserait mes marges. Mais ce ne serait pas stratégique à long terme. Ce serait purement financier et à court terme. » Il marque une pause.

Est-ce que je vais pouvoir dire à mes enfants ce que j’ai fait ?

C’est cette question qui l’amène en coaching.

Le contexte : quand l’optimisation devient un choix

Le Ciné-Coaching permet ici grâce au cinéma de révéler nos lignes rouges. Avant de regarder Le Parrain de Francis Ford Coppola, Marc me donne le contexte complet.

Son entreprise

Un groupe industriel français, leader dans son secteur. 25 000 salariés. Rentable. Bien positionnée sur son marché. Les carnets de commandes sont pleins. Les clients satisfaits. Les actionnaires aussi.

Le choix qui se présente

Marc a fait réaliser une étude opérationnelle. Les conclusions sont claires : en optimisant certains processus et en réduisant les effectifs de 15%, il pourrait maintenir la même qualité de production tout en augmentant significativement ses marges.

Pas pour survivre. Pas pour être plus compétitif. Juste pour générer plus de cash.

Son tiraillement

Intellectuellement : C’est une optimisation logique. Rationnelle. Défendable devant n’importe quel comité de direction.

Humainement : Quelque chose le gêne.

Il me dit : « J’ai déjà licencié. Des usines que j’ai fermées parce qu’elles n’avaient plus de potentiel industriel. C’était douloureux, mais c’était stratégique. Nécessaire, même. »

Il a aussi développé d’autres activités, ouvert de nouvelles usines. Il est lucide sur son rôle. Il sait qu’il a fait de la casse sociale. Mais il dormait la nuit parce que c’était justifié par la survie de l’entreprise et de sa propre famille. Par la concurrence aussi qui faisait mieux. Mais aujourd’hui le groupe se porte bien, avec des marges parmi les meilleures du marché.

Là, je ne suis pas sûr de pouvoir dormir.

La méthode : coaching FLASH

Je lui propose un format particulier : un coaching FLASH sur cette prise de décision ponctuelle difficile. La consigne est simple : regarder la trilogie du Parrain chez lui. Puis on en parle. Pas pour lui donner la réponse. Mais pour clarifier la question. Marc accepte. Il est cinéphile donc emballé. Marc regarde les trois films sur un weekend

Les trois scènes qui révèlent l’échelle de lignes à ne pas dépasser

Scène 1 : Mentir à Kay — S’arranger avec la vérité

La scène

Fin du premier opus de la trilogie du Parrain. Kay (Diane Keaton) entre dans le bureau de Michael (Al Pacino). Elle vient d’apprendre que Carlo, son beau-frère, a été assassiné. Elle lui demande : « Is it true ? Did you kill Carlo ? » Michael la regarde dans les yeux. Sans ciller. « No. » La porte du bureau se ferme lentement sur Kay. Elle reste dehors. Exclue de la vérité.

Ce que Marc y reconnaît

J’ai déjà fait ça. Menti pour protéger l’entreprise.

Mais il précise immédiatement : « Ce n’est pas mentir brutalement. C’est s’arranger de la vérité. Présenter les choses plus favorablement. Omettre certains détails. Lisser les angles. »

Aux actionnaires : mettre en avant les succès, minimiser les difficultés. Aux salariés : rassurer même quand l’incertitude est réelle. À sa famille : dire que tout va bien même quand la pression est immense.

« Michael ferme la porte sur Kay. Moi aussi, j’ai fermé des portes. Pas physiquement. Mais j’ai compartimenté. Vie pro, vie perso. Ce que je peux dire, ce que je ne peux pas dire. Ce que je raconte et ce que je préfère cacher ».

Marc se situe ici : Il a déjà franchi cette ligne qui pourrait sembler rouge pour d’autres. Pour survivre, pour protéger, pour avancer. Il peut vivre avec.


Scène 2 : Tuer Carlo — Difficile mais stratégique

La scène

Michael fait étrangler Carlo dans une voiture. Carlo, le mari de Connie, sa propre sœur. Carlo a trahi. Il a renseigné les familles rivales, causant directement la mort de Sonny. Connie hurle. Elle accuse Michael. Elle sait. Michael reste silencieux. Impassible. Il ne confirme rien. Ne nie rien.

Ce qu’il pense

« C’était lui ou nous. Il a trahi. Question de survie. »

Ce qu’il ne voit pas

Carlo était impulsif, peu intelligent, manipulable. Michael avait d’autres options. Il aurait pu l’éloigner. Le neutraliser sans le tuer. Mais Michael choisit la solution radicale. Pas seulement pour la sécurité. Pour se venger. Pour ne plus avoir à y penser.

Parallèle avec Marc

J’ai déjà fait ça aussi. Pas tuer, évidemment. Mais fermer des usines. Des gens ont perdu leur emploi. Des familles ont été impactées. Je le sais. Je l’assume.

Marc insiste sur la nuance : « Les usines que j’ai fermées n’avaient plus de potentiel industriel, c’était le meilleur choix car la fermeture n’était qu’une question de temps. La concurrence était trop forte. Les coûts trop élevés. C’était stratégique. Douloureux, mais stratégique. Guidé par l’intérêt de tous les salariés du groupe. »

Il a aussi compensé : développé d’autres activités, ouvert de nouvelles usines ailleurs. Il ne s’est pas contenté de détruire. Il a construit aussi au sein de cette entreprise.

« Je ne suis pas un enfant de chœur. Mais je dors bien la nuit. Parce que c’était nécessaire. »

Marc se situe ici aussi : Il a déjà franchi cette ligne. Il sait qu’il n’est pas immaculé. Mais ses choix étaient justifiés. Dans son âme et conscience, pesant sa responsabilité, il les assume ses décisions.


Scène 3 : Tuer Fredo — La ligne rouge

La scène déclencheur

Dans Le Parrain 2, Michael découvre que Fredo (John Cazale), son propre frère, l’a trahi. Fredo, jaloux, humilié, a collaboré avec Hyman Roth. Michael le confronte :

I know it was you, Fredo. You broke my heart.

Mais la scène clé vient plus tard

Fredo est sur un bateau, en train de pêcher sur le lac Tahoe. Paisible. Plus vieux. Plus apaisé aussi. Il ne représente plus aucun danger. Al Neri, l’homme de main de Michael abat Fredo alors qu’il récite l’Ave Maria.

Ce que Michael ne voit pas

Fredo n’était plus un danger. Il était brisé. Éloigné des affaires. Vieux et docile. C’était la personne qui passait le plus de temps avec son fils. Michael aurait pu simplement maintenir la distance. Le bannir définitivement. Mais il choisit de le tuer. Pas pour la survie. Pour l’orgueil. Pour ne pas tolérer la trahison d’un frère. Il vient de franchir une ligne rouge qui le coupe définitivement de son humanité. Tuer son propre sang.

La réaction de Marc

Marc me demande de revoir cette scène. Il ne dit rien pendant quelques secondes après le visionnage. Puis, d’une voix sourde : « Cette scène me donne envie de vomir. » Il n’est pas Michael à ce moment-là. Il voit ce que Michael ne voit pas. Il voit la monstruosité.

Michael franchit une ligne qu’on ne peut pas franchir. Même dans le business. Même sous pression. Il y a des choses qu’on ne fait pas.

Puis Marc me regarde et dit simplement : « Je suis face à mon Fredo en ce moment. »

La prise de conscience : identifier son échelle

Marc comprend qu’il existe une échelle. Que ses décisions passées l’ont progressivement fait monter sur cette échelle. Et qu’il est maintenant face à un nouveau barreau.

L’échelle de Marc :

Barreau 1 : Mentir à Kay = S’arranger avec la vérité pour protéger ✅ A déjà franchi. Acceptable si pour de bonnes raisons. Il peut vivre avec.

Barreau 2 : Tuer Carlo = Décisions difficiles mais stratégiques ✅ A déjà franchi (fermetures d’usines nécessaires). Douloureux, mais justifié.

Barreau 3 : Tuer Fredo = La ligne rouge ❌ Il est là maintenant.

Le recadrage

Marc réfléchit. Puis il articule lentement :

La question n’est pas : Est-ce logique économiquement ? La vraie question est : Est-ce que je peux vivre avec cette décision ?

« Licencier sans que ce soit une nécessité stratégique, juste pour enrichir les actionnaires, générer du cash, des primes pour moi et pour eux… C’est piller. Piller la société. Piller l’entreprise. Piller la communauté. » Il marque une pause.

C’est mon Fredo. Ma ligne rouge.

La nuance importante

Marc précise : « Je ne suis pas en train de dire que je vais renoncer à l’ambition et à l’excellence. J’ai toujours envie de réussir. De faire grandir l’entreprise. Mais il y a des limites. » La limite c’est la marge qui est la conséquence de la casse sociale et non de l’innovation opérationnelle, technique ou managériale.

Marc, grâce à la trilogie du Parrain a positionné une limite et pris une décision. C’est ce qui se passe lorsque l’on transformer un film, en outil de développement personnel.

La décision : refuser de franchir cette ligne rouge

Marc prend sa décision en séance. « Je ne licencie pas. »

Les conséquences assumées

  • Pas de boost de rentabilité court terme
  • Pas de cash supplémentaire pour distribuer des primes exceptionnelles

« Mais je pourrai me regarder dans le miroir. Et je pourrai dire à mes enfants ce que je fais. »

La question qui reste

Maintenant, la vraie question, c’est : comment je fais pour rester ambitieux à l’intérieur de mes limites ? Et quelles limites en fait ?

Parce que refuser de devenir un voyou en col blanc ne signifie pas renoncer à réussir. Cela signifie choisir comment réussir.

La suite : coaching LIFE

Marc décide de poursuivre avec un format de coaching plus long : un coaching LIFE.

Un des objectifs qu’il se fixe : Mieux définir ses limites. Les clarifier. Les verbaliser. Pour ne plus jamais être pris au dépourvu quand une décision difficile se présente.

Le Parrain comme boussole éthique

Le Parrain n’est pas un film de gangsters. C’est une tragédie grecque. C’est l’histoire d’un homme qui franchit ligne après ligne, jusqu’à devenir un monstre. Michael n’évolue pas, il va au bout de son destin tragique. Pour Marc, ce film est devenu une boussole. Un outil pour identifier où il en est sur son échelle personnelle. Il en parle volontiers avec ses proches.

La leçon du Parrain :

Chaque ligne franchie rend la suivante plus facile à franchir. Michael ment à Kay. Puis il tue Carlo. Puis il tue Fredo. Puis, dans le troisième film, il perd sa fille à cause de ses choix.

La leçon de Marc :

Identifier sa ligne rouge avant de la franchir. Savoir où s’arrêter. Choisir ses limites consciemment. Michael ne l’a jamais fait. Marc, oui.

Et vous ?

Avez-vous identifié vos lignes rouges ? Avez-vous des doutes, des scrupules parfois ? Ou êtes-vous en train de les franchir une par une, en vous disant « juste cette fois » ?

Bien choisir ses films comme miroir de vos décisions peut révéler des vérités inconfortables. Mais ces vérités vous permettent de choisir consciemment.

Besoin d’un espace pour clarifier vos propres limites ?

Si vous êtes dirigeant, manager, entrepreneur, et que vous faites face à une décision qui vous pose un cas de conscience, un coaching FLASH peut vous aider à clarifier la question avant de prendre la décision.

Parfois, il suffit d’un regard extérieur et d’un miroir — comme Le Parrain pour Marc — pour voir ce que vous ne voyiez pas.

Réservez un appel découverte gratuit de 15 minutes

Pour aller plus loin avec Le Parrain

Cet article est le deuxième d’une série de trois consacrée au film de Francis Ford Coppola :

  • Lundi 25/11 – Article développement personnel : Comment vous êtes-vous retrouvé à ressembler à vos parents malgré vous ?
  • Aujourd’hui – Cas client : À partir de quand un dirigeant devient un voyou en col blanc ?
  • Vendredi 29/11 – Analyse vidéo : Qui vous pensez être vs qui vous êtes vraiment : la tragédie de Michael Corleone

Le Parrain ressort en salles à partir du 4 décembre 2024. L’occasion de voir ou revoir ce chef-d’œuvre sur grand écran et d’identifier vos propres lignes rouges.