🎬 The Queen : Savoir entendre le temps qui passe pour durer en tant que leader

Introduction

Quelle leçon de leadership tirer du film The Queen ? Comment utiliser le Ciné-Coaching pour copier le leadership durable d’Élisabeth II ?

Durer 70 ans et 7 mois à la tête d’une institution, comme l’a fait Élisabeth II, n’est pas un exploit de résistance mais d’adaptation. Ce règne exceptionnel illustre une clé de leadership  : la légitimité ne se maintient pas en s’accrochant aux traditions, mais en sachant évoluer avec son temps.

C’est ce que montre le film de Stephen Frears, 2006, centré sur un moment charnière : la mort de Lady Diana en 1997. Face à cette crise, la reine doit choisir : rester fidèle au protocole, au silence, à une pudeur et une hauteur qui ont toujours défini sa fonction; ou écouter l’émotion collective et accepter un mode de communication plus accessible, plus émotionnel ? Ce sont deux façons d’être un pilier pour son peuple. Et alors, comment être présent émotionnellement sans perdre en hauteur de vue ? Une question avec laquelle de nombreux leaders se débattent constamment.

👉 C’est à travers ce dilemme que le film devient un outil précieux de ciné-coaching !

Le ciné-coaching est une méthode que j’ai développée à partir de travaux de psychologie sur les liens entre récit et croissance émotionnelle. Un film n’est pas seulement un divertissement : il est porteur des mythes, des héros et des histoires que les humains se transmettent depuis la nuit des temps. Ces récits véhiculent des valeurs, des comportements et des choix qui nous influencent inconsciemment. En regardant une histoire qui n’est pas la nôtre, nous accédons à ce réservoir symbolique qui nous conditionne mais qui peut aussi nous faire évoluer.

👉 Pour mieux comprendre le ciné-coaching, je vous ai préparé une série d’articles socle que vous trouverez dans la bibliothèque de ciné-coaching :

• Qu’est-ce que le ciné-coaching ?

• Comment choisir un film qui serve votre développement personnel ?

• Comment faire d’un film un outil de développement personnel ?

1. Écouter l’émotion collective pour rester un leader légitime

La mort de Lady Diana déclenche une vague de chagrin populaire sans précédent. La réaction glaciale d’Élisabeth II, d’abord fidèle au protocole, met en péril sa légitimité : le peuple attend d’elle une émotion, un signe, pas un silence.

Un leader ne peut pas ignorer ce qui traverse les autres. L’écoute de l’émotion collective n’est pas un abandon de ses valeurs, mais une condition pour rester en lien.

L’histoire nous en donne quelques exemples : Louis XVI, sourd aux attentes profondes du peuple, perd sa légitimité et, finalement, son pouvoir.Le peuple attendait de lui qu’il écoute leur besoin, réussir à s’alimenter en l’occurrence. Ce dont il a été incapable. Alors, le peuple s’est dit : si celui qui nous guide ne comprend plus ce que l’on vit, changeons-en. Ils ont préférés mettre un autre à la tête de l’état.

À l’inverse, Nelson Mandela, a perçu l’appréhension des Afrikaners d’être déclassés, stigmatisés ou pire discriminés. Il a alors privilégié la réconciliation des tous les sud-africains à la division en groupe qui vivraient côte à côte. C’est que raconte très bien Invictus : l’équipe des Springboks pendant le coupe du monde de Rugby 1995 symbole de l’apartheid servira à unir toute l’Afrique du Sud.

👉 La leçon : entendre l’émotion collective, c’est protéger son lien avec ceux que l’on guide.

2. Adapter ses repères traditionnels quand le monde change

Les échanges entre Élisabeth II et Tony Blair révèlent une tension : le langage institutionnel, figé et protocolaire, ne suffit plusen 1997. Le peuple réclame un langage émotionnel, accessible. La reine finit par accepter de s’exprimer publiquement et se rend visible à ses sujets au milieu des fleurs déposées devant Buckingham Palace pour Lady D.

Adapter ses codes ne veut pas dire renier ses valeurs : c’est traduire son identité pour qu’elle reste audible dans un contexte nouveau.

José Mourinho illustre l’inverse. Leader charismatique pendant quinze années, il a décliné faute de s’adapter aux nouvelles générations de joueurs. Là où une évolution de style aurait renforcé la cohésion, son modèle autoritaire a généré des conflits.

👉 La leçon : un leader doit avoir l’humilité de changer son mode d’expression pour que son message continue d’être entendu.

3. Transformer les crises en opportunités d’évolution de son leadership

La scène de la Land Rover embourbée agit comme une métaphore visuelle : une reine coincée entre tradition et modernité. En acceptant de se montrer et d’aller vers le peuple, elle transforme une crise d’image en moment de rapprochement. Les sujets de la Reine lui demandaient d’être présents émotionnellement pour eux, comme l’avait été Lady Diana, ce qu’elle a fait contre sa nature et ses valeurs et qui lui a valu une grande reconnaissance.

« La vérité, c’est quand on se cogne. », Jacques Lacan.

La crise confronte à un mur que l’on choisissait souvent inconsciemment d’ignorer. Une fois le choc et la douleur passé, il nous appartient de prendre en compte ce mur pour modifier notre action. En ce sens, une crise peut aussi devenir un catalyseur de transformation. Certains préfèrent pester contre l’existence du mur ou chercher un raisonnement qui explique qu’en réalité il n’y a pas de mur. Il s’agit dans le premier cas de résistance, dans le second de déni.

Steve Jobs l’a illustré à l’échelle entrepreneuriale : évincé d’Apple dans les années 80, il revient en 1997, transformé. En tirant les leçons de son échec, il redéfinit Apple et en fait l’une des entreprises les plus influentes du monde.

👉 La leçon : se cogner au réel n’est pas la fin du leadership, c’est parfois son nouveau départ.

Exercice pratique – Votre « Land Rover embourbée »

👉 Repensez à une situation récente où vous vous êtes senti bloqué.

• Quelle était l’émotion collective autour de vous ? Avez-vous su l’écouter ?

• Quels repères traditionnels avez-vous tenté de maintenir malgré l’évolution générale ?

• Comment pourriez-vous transformer cette impasse en tremplin pour votre leadership ?

Conclusion

La leçon d’Élisabeth II est simple : durer ne consiste pas à s’accrocher, mais à s’ajuster sans se perdre.
Un leader traverse les époques non pas en se figeant, mais en sachant entendre le temps qui passe.

👉 Pour prolonger la réflexion, je propose sur ma chaîne YouTube des analyses de films appliquées au leadership et au développement personnel.